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Marion et moi faisons connaissance quand elle a 17 ans. Elle vient de faire une tentative de suicide. Je suis psychologue, psychanalyste. Nous ne pouvions prévoir que quelques vingt ans plus tard nous écrirons un livre.

Elle parle un peu de Lucifer et beaucoup de la mort, aime les lettres, écrit des poèmes et dessine des anges. Ils ne sont pas des anges gardiens mais habitent l’enfer et je ne les vois pas, alors pour me les lire, elle ne cesse de m’écrire ... et je m’exclame : C’est beau !

Bien plus tard, un psychiatre lui a dit qu’elle était schizophrène. Nous livrons ici ce que de cette vie là, de ce chemin particulier, Marion souhaite porter témoignage.

« La schizophrénie, on peut la faire danser. »

 

 

 

 

MADAME, lettres d'une schizophrène à sa psy

18€Prix
  • ISBN : 979-10-96852-11-6

    Broché,215/135, 240 pages, imprimé en UE

    Dépôt légal BNF avril 2020

    Prix :18 €

  • Madame, ni demoiselle, ni amie, ni copine : femme. Une femme qui rassemble et réfléchit l’image d’une jeune fille puis jeune femme et mère, entière et construite dans sa structure originale, originelle, qui se reconstruit. Elle est lue, entendue, regardée comme sujet, non comme objet de soin ou d’étude. Une femme à la place d’une autre, petite dame ou grande dame qu’importe. Si la place est celle d’un Grand Autre, c’est une autre qui l’accompagne, l’écoute et lui répond. Pour Marion, La place n’est pas vide, et la rencontre se présentifie dans la distance infranchissable du Réel.

     

    Madame, ni amante ni maîtresse : une figure de l’amour courtois, que l’on emmène avec soi en croisade, une correspondante de guerre qui alimente les rêves et les fantasmes d’un amour impossible et interdit, qui protège et canalise les débordements d’un chevalier en campagne identitaire, serait-il Jeanne d’Arc ou Lucifer. Un amour qui précipite les formations de l’inconscient de l’Imaginaire.

     

    Madame, ni ordonnatrice, ni féministe, ni opportuniste, dans cette partie de trente ans, elle ouvre les voies du transfert, elle entre en jeu, le je du sujet qui déplace sur l’échiquier de sa vie, les cavaliers, les pions, les fous, représentants des représentations inconscientes, mises au jour, mises à jour d’un journal qui déploie par l’écriture du quotidien le champ du Symbolique.

     

    Marion, connaît la chanson, connaît la langue. Ici c’est lalangue qui s’exprime. Elle dévoile à ciel ouvert un inconscient qu’elle-même n’a pas à nommer, seulement à l’écrire en respectant le genre. La chose littéraire, c’est son style, ce qui fait la femme ou l’homme même, c’est son symptôme : trouver l’adresse d’un lecteur, d’une lectrice, à rencontrer, à aimer et qui l’aimera.

     

     Marion, pour Madame, ose le genre épistolaire. Avec les habitués du salon de thé, logé au fond de son cœur, elle se fait dialoguiste en écrivant son journal, devenu le personnage incontournable pour révéler ce qui se tait, pour témoigner de ce qui ne cesse de ne pas s’écrire. Pour les autres semblables, elle devient romancière dans le récit de sa vie, interpelant le lecteur par ses ressemblances et ses extravagances sur celui qu’il est et celui qu’il se refuse à être.

     

    Marion connaît sa langue, sa grammaire et son orthographe, ses pièges et ses difficultés. Elle les utilise, peut-être à son insu, on peut en douter, tant ils sont subtils, comme des bons mots, des mots d’esprit, oui, des lapsus. Ce qui déroute ou agace le lecteur pointilleux et orthodoxe, finit par l’amuser, l’interroger, le questionner sur ce qu’il lit et qui écrit. Le but est atteint. Quand Marion écrit : je est, son être est à la troisième personne bien singulière. Sans faute, je est un autre, comme Rimbaud.

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